Par Frédéric Stolar, Managing Partner d’Altaroc
Après une période marquée par l'incertitude économique et un ralentissement en 2022-2023, le Private Equity a amorcé une certaine reprise en 2024. Cette industrie, reconnue pour sa résilience, reste une classe d'actifs privilégiée pour les investisseurs institutionnels et les clients privés à la recherche de performance et de diversification.
Un marché colossal mais encore sous-exploité
Avec environ 5 500 milliards de dollars d’actifs sous gestion selon PitchBook, le Private Equity impressionne par sa taille, même s’il ne représente que 10 % de la valeur des marchés cotés. Ces actifs incluent les portefeuilles des fonds et la fameuse « poudre sèche », soit les capitaux non encore déployés, qui restent disponibles pour de futures acquisitions.
Le potentiel du marché réside dans une donnée clé : 94 % des entreprises mondiales réalisant plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires sont détenues en privé. Par ailleurs, le nombre d’entreprises cotées diminue depuis 20 ans, tandis que celui des entreprises détenues par des fonds de Private Equity ne cesse de croître. Cela fait de cette classe d’actifs un levier essentiel pour capter la croissance des entreprises non cotées.
Des levées en rebond malgré des défis persistants
Après un ralentissement dû à des valorisations élevées et à l’effet « dénominateur » (baisse mécanique des engagements en Private Equity liée à la baisse des marchés cotés), les levées de fonds ont repris en 2024. Depuis une décennie, ces levées mondiales oscillent entre 500 et 1 000 milliards de dollars par an. En France, ce montant atteint environ 20 milliards par an, soit environ 3 % du total mondial.
Des investissements sous contrôle
Trois facteurs influencent fortement les investissements : une amélioration des conditions macro-économiques, une stabilisation des coûts d’emprunt et des vendeurs et acheteurs qui trouvent davantage de points d’accord après une période de divergence en 2022-2023. En effet, la hausse des taux d’intérêt a entraîné une baisse des valorisations en Private Equity, principalement due à l’augmentation du coût de la dette dans les transactions à effet de levier (LBO). Les acheteurs ont cherché à répercuter cet impact en ajustant les prix à la baisse, tandis que les vendeurs, attachés aux valorisations élevées d’avant la remontée des taux, ont tardé à accepter cette correction.
Progressivement, les multiples d’acquisition ont baissé (passant de 13,3x l’EBITDA en 2021 à 10,6x en 2023), favorisant un retour des acheteurs. Toutefois, cette correction n’a pas été uniforme : les secteurs résilients, comme les logiciels, ont mieux résisté grâce à une moindre dépendance à la dette, tandis que les secteurs exposés à la consommation ont subi des ajustements plus marqués. Aujourd’hui, avec un marché qui s’ajuste et des baisses de taux amorcées par les banques centrales, un équilibre s’installe, ouvrant la voie à une reprise des transactions.
Les atouts durables du Private Equity
Malgré les ajustements, la surperformance du Private Equity par rapport aux marchés cotés et sa moindre volatilité en font un choix stratégique pour les investisseurs institutionnels. Ces derniers privilégient de plus en plus ce marché, qui leur offre un accès à des entreprises de taille intermédiaire en forte croissance, souvent absentes des marchés boursiers. Avec une croissance annuelle moyenne de 11 % des actifs sous gestion depuis 20 ans, le Private Equity continue d’attirer les capitaux.
L'investissement en Private Equity comporte des risques de liquidité et de perte en capital. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures