Pouvez-vous nous présenter Lazard Frères Gestion ?
Lazard Frères Gestion est la société de gestion du groupe Lazard en France. Nous gérons 38 milliards d’euros (au 30 juin 2023) à travers une gamme de fonds actions, obligataires, diversifiés et « absolute return », auxquels s’ajoutent des mandats de gestion. 16 fonds de notre gamme disposent du label ISR et 25 milliards d’euros étaient gérés sur des fonds « article 8 » au 30 juin.
La société a été créée en 1995 mais dispose d’une histoire bien plus longue, ayant hérité de l’ensemble des activités de gestion d’actifs de Lazard à Paris, apparues il y a plus de 70 ans.
Dans un contexte de hausse de taux très rapide, quelle est votre vision macroéconomique ?
La hausse des taux a été très forte depuis l’an dernier, mais semble désormais arriver à son terme après un an et demi de durcissement monétaire. Une dernière hausse de taux est encore possible d’ici la fin de l’année, mais les anticipations de marché s’orientent vers un assouplissement monétaire à partir de l’an prochain.
Néanmoins, les effets de la hausse des taux n’ont pas fini de se faire sentir dans l’économie, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. Les taux de crédit élevés freinent la dynamique du secteur immobilier et les faillites d’entreprises sont attendues en hausse. Aux Etats-Unis, le taux de chômage a repris le chemin de la progression et la sur-épargne des ménages liée au Covid est désormais presque totalement consommée. La bonne résistance de l’économie américaine depuis le début de l’année cache donc en réalité une accumulation de fragilités. Le scénario le plus probable reste, selon nous, que l’économie finisse par entrer en récession aux Etats-Unis.
En zone euro, il est probable que l’économie soit déjà en train de se contracter. La résorption de la crise énergétique n’a pas suffi à relancer la croissance dans la zone euro et plusieurs indicateurs notables sont mal orientés, signe que les cercles vicieux d’une récession sont sans doute en train de se mettre en place.
L’économie chinoise reste également pénalisée par la crise immobilière qu’elle traverse depuis maintenant deux ans, et qui se traduit par un tassement des perspectives de croissance.
Quels thèmes d’investissement sont à privilégier selon vous ?
Face au risque de récession qui reste prédominant, les marchés actions et le crédit offensif (High Yield et subordonnées financières notamment) devraient se retrouver sous pression, d’autant plus que le positionnement actuel des investisseurs est beaucoup moins prudent qu’en début d’année. Sur le segment High Yield notamment, la hausse des taux de défaut est un élément à surveiller.
En revanche, les taux d’intérêt à long terme devraient désormais baisser, justifiant d’être surexposés aux obligations, en privilégiant les émissions de bonne qualité. Alors qu’en 2022, nous avions positionné nos fonds flexibles en duration négative, nous optons désormais pour des durations longues, d’autant plus que les rendements obligataires sont redevenus substantiels, y compris pour les actifs de très bonne qualité.
À noter qu’au sein des marchés actions, les opportunités persistent : chez Lazard Frères Gestion, bien que nous soyons actuellement très prudents et sous-exposés à cette classe d’actifs dans nos allocations flexibles, deux axes intéressent particulièrement nos gérants actions : les sociétés disposant d’un fort pricing power, qui bénéficient d’un avantage important pour défendre leurs marges face à une hausse des coûts toujours élevée, et les Small caps européennes, qui bénéficient actuellement d’une décote intéressante face aux Large caps.