Le taux des emprunts d’état français est passé sous la barre de 0% en juin de cette année. Une première historique.

Ce taux est même descendu à -0.59% courant septembre. Soyons plus clair, si vous aviez prêté à l’état français, non seulement il ne vous aurait pas servi d’intérêts, mais le généreux créancier verrait sa créance diminuée de 0.59% par an ! Quelle curieuse situation où le risque pris ne paye pas, mais coûte... Un taux est censé être la contrepartie rémunératoire d’un aléa en fonction de la durée et de la solvabilité du débiteur. Nous marchons un peu sur la tête…

Pour comprendre remontons à la source, la BCE. Son taux actuel est de 0%. Ce taux de refinancement est celui pratiqué aux banques lorsqu’elles lui empruntent de l’argent. Nous ne sommes pas les seuls, les banques centrales du Japon, de la Suède ou de la Suisse sont dans des eaux plus profondes, en territoire négatif. Il est plus rentable de prêter à la Turquie avec des taux à 16.5%, mais le risque n’est pas le même.

La mission de la BCE, de contenir l’inflation, semble loin. Alors la courroie de transmission à l’économie, pour perfuser le patient européen, est le nouveau paradigme, qui semble parti pour durer. Mais les épargnants, ingrats, surtout en France rechignent toujours à prendre des risques.

Allons plus loin, le taux de facilité de dépôt de la BCE est lui négatif à -0.5%. Une banque ayant des liquidités excédentaires et les déposant à la BCE se verrait ponctionner une partie de son dépôt. C’est la raison pour laquelle certaines banques, ont décidé de taxer les gros dépôts, à l’instar de Lombard Odier, d’UBS en Suisse ou du Crédit Suisse. Cette situation ne semble pas prête de se généraliser aux épargnants en France pour des raisons morales ou de concurrence. Mais la situation rogne leur rentabilité, ce que Bercy scrute comme le lait sur le feu.

Une fois le nouveau décor planté quelles en sont les conséquences ? L’immobilier est sur un nuage, pour le moment, dopé artificiellement. Les négociations et renégociations de prêts font florès. Mais dans un monde global l’équilibre de la machine économique, croissance et confiance en tête, peut se gripper. La pierre face à la peur ?

Pour ce qui est de l’épargne, les assureurs, les banques et les professionnels que nous sommes sont face à de nouveaux défis. Les épargnants d’autres pays ne connaissaient pas notre chance avec les fonds en euros, spécificité française. Il est inéluctable que les rémunérations vont baisser et que les conditions d’accès vers ces supports seront plus strictes. Il convient de les conserver, pour le moment, le risque étant bien rémunéré. Mais il devient plus que nécessaire de s’entourer de professionnels pour chercher les solutions rémunératoires et diversifiées à plus long terme.