Ambiance générale

Quel changement d’ambiance par rapport à début 2018, qui avait commencé dans l’euphorie générale. Nous le soulignions alors, il faisait trop beau sur l’économie mondiale.

Les fées se sont éloignées, Trump est parti en guerre à coups de Tweets, le Brexit est sur des rails cabossés, le politique prend l’ascendant sur l’économie avec des incertitudes aux conséquences asymétriques.

Gita Golpineth, la nouvelle et fraiche chef économiste du FMI le soulignait à Davos, pas de récession en vue à court terme mais un ralentissement, lié à la zone euro et les émergents, est à l’œuvre. Les prévisions sont abaissées à 3.5% de croissance au niveau mondial.

La volatilité et l’excès de pessimisme de fin d’année sur les marchés reflètent sans doute des craintes, parfois exagérées.

Conseil et stratégie patrimoniale

La loi de finances pour 2019 apporte peu de nouveautés cette année. Le seul bémol, et pas des moindres, est sans doute la nouvelle définition de l’abus de droit. L’administration aura la possibilité de s’attaquer aux actes motivés par un objectif principalement fiscal, et non plus exclusivement fiscal à partir du 1er janvier 2020. Le monde du droit et de la gestion de patrimoine bruissent de cette nouvelle définition. A n’en pas douter, des précisions bienvenues arriveront, comme le communiqué de presse de Bercy, stipulant que les donations en nue-propriété ne sont pas visées… Peut-être que le Conseil Constitutionnel s’en mêlera, mais pas avant 2021 ? En attendant il convient d’être prudent et de bien veiller, dans des stratégies d’optimisation, au but patrimonial poursuivi in fine.

Epargne courte et liquide pas d’embellie à attendre sur les rémunérations

L’inflation en 2018 était à 1.8%, avec une augmentation ponctuelle en cours d’année liée aux produits pétroliers. L’OAT à 10 ans est à 0.56% au 31 janvier 2019. Selon Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, « les taux vont rester bas pendant encore longtemps »…

Les taux de rémunérations sont inéluctablement faibles sur l’épargne courte : livrets entre 0.75% pour le livret A et 1% pour quelques autres livrets, hors promo du moment mais de plus en plus rare, le PEL est à 1%... Net d’inflation nous sommes clairement en territoire négatif !

Marchés immobiliers, après une très belle année 2018, crispation en vue…

Sans doute allons-nous assister à un atterrissage voire un fléchissement des marchés en volume et en prix. Malgré tout, selon le baromètre Crédit Foncier, 60% des professionnels restent optimistes. Il s’agit d’un recul de 20 points depuis l’année dernière. Mais les agents immobiliers sont toujours plus optimistes que la réalité, nécessité de vendre oblige. Côté promoteurs le sentiment est plus vif sur un retournement. L’euphorie est terminée.

L’année s’achève avec environ un million de transaction dans l’ancien, similaire à 2017. Les prix France entière ont progressé de 3.4%, avec toujours cette différence de rythme entre Ile de France (+4.2%) et province (+2.6%). Les bassins d’emploi sont les drivers du marché.

Pour 2019, le marché va sans doute ralentir dans l’ancien, mais pas de manière homogène, et fléchir sur le neuf (baisse significative des permis de construire et des mises en chantier), avec un biais plus marqué sur la maison individuelle. L’évolution politique et l’évolution des taux seront les deux facteurs impondérables, qui participeront à la tendance à venir. Le facteur de rappel est l’évolution des marchés financiers qui pousse les investisseurs, envers et contre tout, vers l’immobilier en tant que valeur « refuge ».

  • L’immobilier de rapport dans l’habitation nue

Le dispositif Pinel  a été décliné dans l’ancien. Le Denormandie ancien va permettre de défiscaliser et obtenir une réduction d’impôt similaire au Pinel. Le propriétaire doit réaliser des travaux à hauteur de 25% du montant total de l’opération. Le prix de revient sera limité à 5 500 euros/M2. Le logement devra être situé dans l’une des 222 villes du plan Action cœur de ville. Il reste des détails en attente de précisions.

  • L’immobilier de rapport en meublé

Côté meublé la chasse continue pour assainir les pratiques illégales. Plus de 2 millions d’euros d’amende ont été infligées aux fraudeurs sur Paris. La règle des 120 jours de location de sa résidence principale a été mise en application par Airbnb. Cela étant les sources d’opportunités continuent sur ce segment tant en diffus qu’en résidence gérées sélectionnées avec attention.

  • L’immobilier collectif

La croissance en volume des SCPI s’assagit, sur fond de ralentissement cyclique et de mutation de marché du secteur tertiaire sous-jacent. Le rendement global sur 12 mois (dividendes et revalorisation) s’établit à 5.1% vs 6.22% en 2017. Quand on le compare avec les fonds euros ou même les OPC actions ou obligataires, le score reste flatteur.

Les épargnants, habitués au cours des années passées à des performances majorées par l’appréciation du patrimoine des SCPI, dans un contexte de baisse des taux d’intérêt, vont devoir s’habituer à des rendements moins généreux, mais avec l’atout de la résilience des dividendes. Ce retour à la normale est dans l’ordre des choses. La SCPI n’est pas un produit de plus-value : le souscripteur veut des revenus réguliers et de la tranquillité.

Il convient toujours d’intégrer le produit dans une stratégie long terme, même si une forte hausse des taux sans risque n’est toujours pas à un horizon court terme, sauf événement macro.

  • Le marché du crédit

Le marché du crédit est toujours favorable. Par rapport à la même date en 2018, l’OAT à 10 ans est de nouveau à un point bas. Ce qui permet toujours d’emprunter dans d’excellentes conditions.

Les banques suivent en ce début d’année, objectifs obligent. Selon le site meilleurtaux.com il est possible d’emprunter à 1.17% sur 15 ans. Voire à 1.05% pour les meilleurs dossiers ! L’effet de levier sur de l’immobilier est toujours favorable, mais avec une sélectivité accrue sur le sous-jacent. Sauf événement majeur, les taux devraient toujours rester attractifs cette année.

L’assurance-vie, baisse des rendements, à la marge

  • Les fonds en euros traditionnels, la moyenne vers 1.5% ?

Les baisses sont d’environ 0.1% à 0.15%. Afer est par exemple passé de 2.4% à 2.25%. Les meilleurs sont aux alentours de 2.5%, les pires, en dessous de 1% et le gros du peloton sous les 2%.

  • Les fonds euros « diversifiés », les meilleurs au-delà de 3%

Les fonds en euros adossés à l’immobilier, sont toujours en tête en 2018 comme les 3.2% pour Sécurité Pierre Euro de Suravenir. Nous n’avons toujours pas de baisse prononcée en vue.

Les fonds euros dynamiques ont réalisé des performances nulles, pour la plupart, reflétant les marchés financiers chaotiques dès février. Nous pouvons citer Sécurité Target Euros à 0% vs 4.05% en 2018. Cela étant la protection du capital a bien joué pour des investisseurs adverses au risque et la moyenne deux ans est très honorable. Pour 2019 si l’année s’enclenche bien au premier semestre, les gérants auront la possibilité d’engranger des gains avant de se mettre en retrait face à une année encore volatile.

Marchés financiers, prudence toujours avec l’avancée du cycle, mais sans récession à priori

  • Fonds actions et obligataires

L’année 2018 se solde par une première historique depuis 1901, 90% des classes d’actifs ont été dans le rouge. La corrélation à la baisse a été forte sur pratiquement toutes les classes d’actifs. L’année a été dominée par l’aversion aux risques en raison de leur multiplication. Le retour de la volatilité a amplifié, chez les gérants et les institutionnels, la nécessaire maitrise de cette dernière en vendant des actifs ne correspondant plus au budget de volatilité imposé dans leurs gestions contraintes.

L’EuroStoxx termine à -12.7%, le MSCI Europe Small Cap à -15.9%, le CAC 40 à près de -11%, l’or à -1.6%. Le 10 ans allemand était la valeur refuge avec 1.2%...

L’année 2019 s’annonce comme pleine de risques, Brexit, Chine vs USA, ralentissement global, politique européenne… Mais de l’avenir nul n’est certain ! Malgré cette toile de fond, c’est dans des moments de correction que se font les meilleures affaires.

Sur des segments comme les small ou les mid caps entre -15% et -20% il peut être intéressant de regarder certains fonds. Un autre exemple comme Agressor de la Financière de l’Echiquier,  avec -24.76% sur 2018, Didier le Menestrel a annoncé un changement de gérant, avec l’arrivée de Frédéric Buzaré, et une reprise en main du fonds sous sa surveillance.

En résumé 2019 devient une année tactique, pendant laquelle des investisseurs longs pourront revenir sur des expositions plus marquées, en fonction de leur capacité à prendre des risques, de manière raisonnable, tout en gardant un volant de cash/fonds euros pour un deuxième tour si l’évolution macro-économique fait à nouveau baisser des valorisations.

  • Fonds non côtés et supports IR

Du côté de l’IR, il est toujours possible de réduire son impôt de 25% avec des FCPI ou FIP, sous réserve des décrets. Du côté du Private Equity (Capital Investissement), des solutions innovantes ou adossées à de l’immobilier sont à rechercher chez les acteurs spécialisés. Il convient toujours de bien apprécier sa propre expérience en la matière, la qualité des sociétés de gestion et la liquidité des supports (investisseurs avertis, only…). Enfin la fiscalité de transmission liée aux GFA a été améliorée en portant l’exonération (donations et successions) à 75% dans la limite de 300 000 euros et à 50% pour le surplus.