Ambiance générale

Il fait beau, trop beau (?), sur l'économie en ce début d'année. La croissance mondiale devrait atteindre 3,7% en 2018 après 3,6% en 2017.

Mais surtout tous les grands blocs y prennent part. Le commerce mondial a redémarré, les carnets de commande se remplissent et les indices de toute sorte sont élevés.

En France, l'indice de confiance des consommateurs est en train de se rapprocher de son plus haut d'avant crise, en suivant ceux de la plupart des pays développés. Bref, la confiance et les commandes sont là ... Les questions tournent autour des taux et de l'inflation.

Pour autant, comme chaque année il convient de raison garder. Chaque segment de placement a son propre cycle, comme nous le verrons dans ces lignes.

Conseil et stratégie patrimoniale

La loi de finances pour 2018 rebat les cartes en matière patrimoniale. L'ISF a disparu, remplacé par l'IFI. Le prélèvement forfaitaire unique, la flat tax à 30 %, IR à 12,8% et prélèvements sociaux à 17,2%, fait son apparition. Ces deux nouveautés induisent pour certains d'entre vous de revoir les stratégies.

Epargne courte et liquide au fond du trou

L'inflation en 2017 était à 1,2%, avec une accélération en janvier à 1,4 sur 12 mois. L'OAT à 10 ans est à 0,89% au 6 février. Il est probable que nous connaitrons quelques tensions à la hausse cette année.

Les taux de rémunérations sont toujours faibles sur l'épargne courte : livrets entre 0,75% pour le livret A et 1% pour quelques autres livrets, hors promo du moment mais de plus en plus rare, le PEL a été baissé à 1% ... Net d'inflation nous sommes clairement en territoire négatif !

Des marchés immobiliers, une année record

2017 a été une année merveilleuse pour la pierre. Les prix ont augmenté de 5,8% en Ile de France et de 4,1% en province. L'effet richesse joue à plein et certains biens sont en pénurie sur certains segments. Mais le grand écart est important entre petites et grandes villes, dans un marché plus que jamais à deux vitesses. En 10 ans nous sommes à +22% en moyenne pour les grandes villes et à -13% dans les petites qui pâtissent du manque d'acheteurs.

Du côté des volumes un boom a eu lieu en 2017 dans l'ancien avec près de 980 000 transactions. Le neuf n'est pas en reste avec plus de 500 000 permis de construire accordés.

Pour 2018, le marché poursuivra sans doute sur sa lancée, tant les indicateurs de confiance sont positifs. Le régulateur sera principalement l'évolution des taux d'emprunts à défaut d'autres freins.

  • L'immobilier de rapport dans l'habitation nue ou meublée

Le dispositif Pinel est de nouveau prorogé jusqu'en décembre 2021. Sur un objectif long terme, plus de 15 ans, cela reste une belle solution d'épargne toujours en restant sélectif sur la qualité des emplacements. Entre des taux d'emprunts bas et des rentabilités locatives aux alentours de 3,5/4% les investisseurs y trouvent leur compte. La question sera celle de la sortie in fine, avec des prix sous tension au dernier semestre.

Concernant le meublé touristique, c'est toujours la guerre à Paris entre la ville et les propriétaires qui louent en saisonnier. Dernier outil en date, le numéro d'enregistrement qui permet de vérifier les indélicats qui dépassent 120 jours de location par an.

Par contre côté nouveauté, le régime micro BIC en meublé a été augmenté à 70 000 euros de recettes. Rappelons qu'en l'absence de déclaration au réel, si un étourdi a oublié qu'il pouvait amortir son bien ... les revenus sont taxés après un abattement de 50 % ! Ce qui range la fiscalité aux alentours de 30% maximum, au même niveau que le PFU.

  • L'immobilier collectif

La croissance en volume des SCPI a été de près de 9% en l'espace de 10 ans. Ce placement a pris une place plus marquée dans l'épargne des français, qui y voient des qualités de distribution régulière et de gestion simplifiée. Les rendements subissent une légère érosion à la baisse du fait de l'afflux de capitaux à placer dans un marché (l'offre tertiaire disponible à l'achat) très concurrentiel sur les secteurs prime. Le rendement moyen des quelques 170 SCPI sera sans doute aux alentours de 4,47% en 2017. Les gérants internationalisent leurs acquisitions en zone euros. Il convient toujours d'intégrer le produit dans une stratégie long terme, 15 ans et plus, pour amortir les frais et passer les cycles, même si une forte hausse des taux sans risque n'est à priori pas à un horizon court terme.

  • Le marché du crédit

Le marché du crédit est à l'avenant de celui de l'immobilier sur des niveaux record en volume. Et ce début d'année permet toujours d'emprunter dans d'excellentes conditions. Sauf évènement majeur, les taux devraient toujours rester attractifs cette année, aux alentours de 1,65 % en moyenne d'après le Crédit Foncier. L'effet de levier sur de l'immobilier est toujours favorable. La grande nouveauté est à chercher dans le domaine de l'assurance emprunteur avec la possibilité de changer annuellement d'assurance, au grand damne des banquiers qui étaient assis sur une rente "contractuelle" ... Le marché est au début de sa reconfiguration. Les perdants seront sans doute les emprunteurs avec des dossiers médicaux plus sensibles qui étaient plus favorisés dans des tarifications globales. Et peut-être qu'in fine les banquiers augmenteront légèrement leurs taux pour trouver les marges perdues.

L'assurance-vie, baisse des rendements, encore ...

  • Les fonds en euros traditionnels, la moyenne vers 1,5% ?

Entre l'OAT à 10 ans qui flirte avec les 1%, les autorités de tutelles, ACPR en tête, qui appellent à la modération et la nécessité de constituer des réserves en cas de remontée des taux, les assureurs préfèrent ... assurer ... Pas de surprise sur ce segment de marché. Les baisses sont d'environ 0,3%. Les meilleurs sont aux alentours de 2,5% et les pires, en dessous de 1%.

  • Les fonds euros "diversifiés", les meilleurs au-delà de 3%

Les fonds en euros adossés à l'immobilier, sont toujours en tête en 2017 comme les 3,4% pour Sécurité Pierre Euro de Suravenir. Les fonds euros dynamiques et/ou diversifiés ont réalisé pour certains d'excellentes performances. Nous pouvons citer Sécurité Target Euros à 4,05%. Mais attention sur ces fonds euros dynamiques le millésime 2018 sera plus délicat avec une volatilité accrue sur les marchés.

Marchés financiers, prudence avec l'avancée du cycle

  • Fonds actions et obligataires

C'est toujours un paradoxe pour les investisseurs qui ne baignent pas dans la vie des marchés. L'économie se porte bien ! Comme nous avons pu le voir dans les lignes qui précédent. La hausse a entrainé les achats dans un bull market, baignant dans un optimisme globalisé. Il convient toutefois de se rappeler que les supports en action reflètent une espérance de gain futur. En clair les bonnes nouvelles sont déjà dans les cours. Et les mauvaises ont été passablement vite oubliées. Après des années de hausse, surtout du côté des indices US, les corrections seront de retour. Et partant la volatilité également.

Avec les questions autour de la hausse des taux des banques centrales, la résurgence de l'inflation dans certaines poches géographiques et l'avancée des cycles économiques, actions et obligations seront cette année sous tensions.

Alors même que nous sommes très favorables aux marchés pour créer de la performance sur le long terme, il convient d'être, à notre sens, un peu prudent si des capitaux doivent être placés cette année. Nous privilégierons à court terme plutôt les gestions flexibles et "alternatives" de type long-short. D'ailleurs en discutant avec certains gérants, les poches liquidités de leurs portefeuilles sont un peu plus ventrues ... Au fil des mois et en fonction d'éventuelles corrections, des fonds plus purs de type action pourront être arbitrés en portefeuille, pour augmenter le risque et donc la performance mais avec des points d'entrées plus favorables. De même sur la partie obligataire, la remontée des taux améliorera les performances sur certains fonds, qui auront la possibilité d'embarquer un meilleur rendement.

  • Fonds non côtés et supports IR

L'ISF a disparu et avec lui la possibilité de le réduire par des investissements dans des PME ou des fonds dédiés. Pour ceux et celles encore imposables à l'IFI, soyez généreux, le taux de déduction pour les dons est de 75% !

Du côté de l'IR, le dispositif a été renforcé. Il est possible de réduire son impôt de 25% avec des FCPI ou FIP. Seul bémol, les souscriptions rentrent dans le plafond ordinaire des réductions d'impôt à 10 000 euros. Concernant les réductions et crédits d'impôts en 2018, ils ne sont pas impactés par l'année blanche. Ils feront l'objet d'une restitution en 2019. Les défiscalisations en Girardin sont donc toujours possible. Rappelons utilement que tous ces dispositifs doivent être maniés avec précaution, en rapport avec vos objectifs et en analysant le couple rendement risque ...