La terra incognita des taux ultra bas…
« Bonjour Monsieur le banquier, je souhaiterais faire un prêt de 250 000 euros, disons, remboursable sur 10 ans. Quelles conditions pourriez-vous m’accorder ?
Et bien, compte tenu de votre profil, nous pourrions vous donner chaque année 1 000 euros. Il vous faudra quand même rembourser le capital ! Mais c’est nous, la banque, qui vous versons des intérêts… Et comme vous êtes devenu solvable, nous pourrions envisager de vous prêter le double, qu’en pensez-vous ? » Etrange conversation ? En Belgique et au Danemark certains emprunteurs ayant souscrit des emprunts à taux variables sont passés en territoire négatif. Ne rêvons pas, en France nous n’irons pas jusque-là.
La BCE cherchant à réveiller l’inflation et stimuler la croissance a ramené son taux directeur de 4.25% en octobre 2008 à 0% en mars dernier. Parallèlement les banques qui déposent des fonds au jour le jour à la BCE doivent s’acquitter d’un taux négatif de -0.4%. En clair elles doivent payer pour déposer leurs fonds. Par contagion une part considérable des obligations souveraines, toutes maturités confondues sont passées en territoire négatif. Les Bunds allemands sont négatifs à 10 ans, ainsi qu’au Japon et en Suisse, jusqu’à 15 ans ! En France les taux à 5 ans sont négatifs, -0.38%, et flirtent avec zéro à 10 ans, 0.179%. Si un taux est censé refléter le prix du temps et du risque pris, alors les taux négatifs indiquent que nous ne croyons plus qu’au présent.
Chacun d’entre nous ne peut que constater l’autre versant de cette situation. Les taux de l’épargne sécurisée sont en chute libre. Sauf le livret A perfusé à l’aune de la démagogie. Le reste s’approche de zéro. Le livret emblématique d’ING est à 0.3%, hors taux boosté d’entrée. Le PEL est passé à 1%... Concernant les fonds euros des assurances-vie, le millésime 2016 devrait nous apporter des baisses marquées de nouveau, sous la pression insistante des autorités de tutelle, Banque de France en tête. Dans le même temps les taux d’emprunts bancaires sont devenus hyper compétitifs. Meilleurtaux.com indique des taux à 0.95% sur 15 ans pour des excellents dossiers. A long terme cette situation est porteuse de risques majeurs, pour les banques de dépôt et les compagnies d’assurance. Gare au resserrement violent. Le discret amendement à la loi Sapin 2, limitant potentiellement les facultés de rachat sur les contrats d’assurance-vie, en cas de risque systémique avéré, en est le meilleur marqueur. Mais nous y reviendrons lors de nos échanges.
En attendant l’élément phare de la rentrée, est bien le retour de l’immobilier. « Reprise des permis de construire. Les ventes repartent ! Tensions ici et là sur les prix dans les zones recherchées. » Les quelques titres glanés sur la presse de septembre font écho d’un retour des français pour la pierre. Immobilier tertiaire avec sa rentabilité insolente et immobilier d’habitation pour investir et défiscaliser sont dans la ligne de mire des investisseurs en quête de rendement.