Ambiance générale
Cette année s'annonce comme une année intense en événements et en risques potentiels. Les optimistes et pessimistes se distinguent tant le chemin est semé d'aléas au niveau global.
Mais il convient nécessairement de dissocier les données qui peuvent avoir un impact direct sur vos patrimoines de celles qui en auront peu.
Voici un inventaire à la Prévert des points clés qui détermineront cette année : l'absence d'inflation, la croissance molle, les taux zéro des banquiers centraux des marchés développés, l'offre surabondante en pétrole, le changement d'ère en Chine, le ralentissement des émergents, l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le potentiel Brexit, le retour sur le devant de la scène de l'Iran, Daech à la manœuvre, la mise à mal de l'espace Schengen...Et pour les sportifs les jeux olympiques de Rio et l'Euro de football, qui détourneront un peu l'attention.
Cela fait beaucoup et dans tous les sens. Ce sont les principales raisons qui signent le retour de la volatilité sur les marchés financiers. Sur ce segment d'ailleurs l'année sera sans doute très chahutée.
Maintenant cette agitation a peu d'impact, en tout cas sur des cycles de court/moyen terme, sur des situations microéconomiques ou macroéconomiques nationales comme le prix de l'immobilier à Paris ou le taux d'occupation financier des SCPI. Soyons pondérés. Il convient de bien hiérarchiser dans le temps ses placements, d'être liquide pour les besoins à venir à court terme et de ne pas subir les diktats de l'actualité.
Conseil et stratégie patrimoniale
Les lois de Finances ne nous ont pas apporté grand-chose cette année. Gageons qu'il y a peut-être des élections à venir ? La stabilité fiscale est le crédo officiel.
Dans les faits, les fiscalités parallèles sont en augmentation et notamment les fiscalités locales, les mutations à titre onéreux, hausses provisoires devenues pérennes, et quelques fiscalités sur les entreprises. C'est sans doute « Le Concours Lépine de la taxation » comme le dit avec humour Pierre Gattaz...
Epargne courte et liquide
Dans la hiérarchie de rémunération de l'épargne, les taux directeurs et l'inflation donnent toujours le la. L'inflation en 2015 était à 0% ! Les taux courts jusqu'à 2 ans sont négatifs et l'OAT à 10 ans est à 0.869% au 19 janvier.
En découle tout naturellement des taux de rémunérations faibles sur l'épargne courte : livrets entre 0.75% pour le livret A et 1% pour quelques autres non défiscalisés, hors promo du moment, PEL abaissé à 1.5%... La quête de rendement est donc le Graal des investisseurs.
Des marchés immobiliers, plus optimistes
Deux chiffres sont assez révélateurs, en instantané, de l'atmosphère générale. Fin 2014, 64% des professionnels de l'immobilier étaient pessimistes, selon CSA pour le Crédit Foncier, et début 2016, 67% d'entre eux sont optimistes !! Les notaires semblent de leur côté un peu plus réservés d'après leur note de tendance en début d'année.
Du côté des transactions un volume record se profile pour 2015 avec, d'après la FNAIM, près de 800 000 transactions. Soit une augmentation de 15.6% par rapport à 2014. On retrouve le niveau du début des années 2 000 !
De fait on pourrait renouer avec une certaine tension modérée sur les prix dans les régions demandées. En 2015 les prix moyens, France entière, sont en recul de seulement 0.6%. Les principaux régulateurs, des mois à venir, seront la confiance dans l'avenir et le niveau des taux d'emprunts.
• L'immobilier de rapport dans l'habitation nue ou meublée
Le dispositif Pinel est toujours en cours, avec un bond de 20% des ventes dans le neuf, mais il se termine en cette fin d'année. Urgence ? L'avantage fiscal global est toujours attrayant et les investisseurs en quête de sécurité « Pierre » se tournent vers le dispositif.
Dans l'actualité du meublé, Airbnb disrupte le marché. Les politiques ne savent comment prendre le problème, et courent derrière le trublion. A titre indicatif, sur Paris, l'offre est passée de 4 000 logements en 2012 à 50 000 en 2015 !!! Et la capitale compte seulement 80 000 chambres d'hôtel. Les tensions sont exacerbées et la concurrence faussée, en tout cas sur le volet des recettes fiscales. Sans parler du marché de l'habitation en résidence principale qui en pâtit. Il suffirait d'appliquer la loi pour résoudre le problème, mais les mairies manquent de moyen.
Peut-être assisterons-nous à un changement de fiscalité, vieux serpent de mer, sur ces actifs pour contraindre les comportements opportunistes. Les résidences gérées qui répondent à des besoins identifiés, étudiant, tourisme, et vieillissement de la population ne sont à priori pas dans ces schémas, et les lobbys veillent. Affaire à suivre.
• L'immobilier collectif
Les SCPI ont été l'un des placements phare de l'année 2015. La collecte a été d'environ 4 à 4.5 milliards d'euros, après une année 2014 aux alentours de 3.5 milliards d'euros.
Le succès auprès des investisseurs avertis ne se dément donc pas. Les atouts sont indéniables, face à l'épargne courte mal rémunérée, la baisse des fonds euros et la volatilité des marchés. Le triptyque rendement aux alentours de 5%, régularité des revenus et absence de gestion fonctionne à plein. Sans doute que nous aurons une petite érosion globale des rendements aux alentours de 4.8% au lieu de 5% en 2015.
Ne soyons malgré tout pas béats. Les hausses de prix de parts, constatés sur certaines SCPI, font surtout écho à la baisse des rendements des autres classes d'actifs. Dans le détail, les loyers tertiaires n'augmentent pas et les prix non plus. Le marché locatif au niveau de la demande est toujours atone avec une pression globale des loyers plutôt à la baisse par le biais des mesures d'accompagnement des locataires (franchise de loyers à l'entrée, travaux...).
Il convient donc de rester focus sur l'intérêt stratégique du produit sur le long terme, comme un bon produit de diversification. Et également d'ouvrir un peu les capots des moteurs pour voir les taux d'occupations financiers et autres indicateurs de chaque support.
Nous continuons de croire que les gros acteurs de place font le job pour nos clients en étant vigilant sur les portefeuilles de biens et l'investissement du new cash.
• Le marché du crédit
Emprunter de l'argent sur le long terme est toujours une aubaine grâce aux taux d'intérêts. C'est d'ailleurs un fort soutien des marchés immobiliers.
L'année 2015 s'est terminée sur un record d'octroi de crédits aux particuliers. Les banques ont financé 200 milliards d'euros de prêts. Et le sport très en vue du rachat de prêt, pour faire baisser la charge d'intérêt, y a contribué pour 37% !!
D'après le baromètre de meilleurtaux.com, le 12 ans national est à 1.7% et le 20 ans à 2.1% pour la catégorie « très bon ». Dans les cas « excellents » on passe respectivement à 1.43% et 1.9%.
La tendance devrait se poursuivre en 2016, sauf modifications macroéconomiques profondes.
L'assurance-vie, le nécessaire renouveau
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a enfoncé de nouveau le clou, le 2 février dernier lors des Rencontres parlementaires de l'épargne. Il appelle une nouvelle fois à diminuer la rémunération offerte sur les placements sans risque, et notamment sur l'assurance vie en euros, dont le rendement a encore reculé en 2015. La situation pour les assureurs est inédite et la persistance de taux obligataires bas est une source d'inquiétude profonde en cas de remontée brutale des taux. Ce serait un choc violent de solvabilité pour certains...
• Les fonds en euros traditionnels, le peloton vers 2%
La moyenne générale des fonds en euros a de nouveau baissé, pour s'approcher des 2.25% sur 2015. Avec des OAT à 10 ans à 0.8% en début d'année, les perspectives vont toujours dans la même direction. Comme l'année passée on se consolera peut être en se disant qu'avec une inflation à 0%, 2.25% nets c'est pas mal. C'est même mieux en différentiel qu'en 2014 !
• Les fonds euros « diversifiés », la guerre du 3%
Les fonds en euros adossés à l'immobilier, sont toujours largement en tête de peloton en 2015. Quelques exemples : 4% pour Sécurité Pierre Euro, 3.2% pour Europierre, 3.08% pour Euroinnovalia.... Par ailleurs les compagnies sont à la manœuvre pour placer et sortir des offres sur des nouveaux fonds innovants. Nous sommes toujours en observation sur ce segment.
Marchés financiers, agitation en vue
Comme nous le disait un gérant récemment, finalement pendant les quelques années passées, tout le monde pouvait naviguer et créer de la performance entre d'un côté des marchés obligataires rémunérateurs et des marchés actions volatiles mais rentables.
Maintenant cette citation de Warren Buffet fait sens : "C'est quand la mer se retire qu'on voit ceux qui se baignent nus.".
Cette année ce sera place au talent. Les vents sont contraires, les risques globaux élevés et donc nous aurons besoin de capitaines à la manœuvre.
Dans nos allocations, le cœur de moteur sera toujours orienté vers les gérants flexibles, avec une variation liée aux différents styles de gestion, active, prudente... Pour la partie obligataire notre recherche s'axe sur des gérants globaux avec éventuellement des gestions atypiques comme H2O Asset Management ou Amundi. Sur la partie actions nous seront plutôt sensibles à la dominante actions européennes. Et enfin il importera de diluer le risque avec des lignes plus nombreuses en fonction de la taille des portefeuilles pour éviter l'erreur de casting du gérant mal inspiré. Bien entendu ces dominantes doivent être pondérées en fonction de votre propre expérience et aversion aux risques.
• Fonds IR ou ISF
Le non coté a toujours sa place à la marge des patrimoines, sauf dans des stratégies de remploi de capitaux suite à des cessions d'entreprise. Que ce soit au titre de l'impôt sur le revenu ou de l'ISF les taux de défiscalisation sont élevés. La loi de Finances pour 2016 a un peu changé la donne sur l'impulsion de Bruxelles.
Les fonds de type FCPI et FIP sont recentrés schématiquement sur les PME de moins de 7 ans et les investissements de suite programmés initialement.
Nous verrons dans les semaines qui viennent les offres proposées par les sociétés de gestion pour 2016.